Du plaisir à la passion à travers le prisme de photographies, de commentaires œnologiques et autres
6 Avril 2019
Les Primeurs, une institution bordelaise organisée par l'Union des Grands Crus de Bordeaux et reprise aussi par d'autres groupements de châteaux, de viticulteurs et de consultants, connaissent durant les premiers jours d'avril une effervescence unique dans toutes les appellations bordelaises.
Les acheteurs, les négociants, les importateurs, la presse de tous les pays se donnent rendez-vous pour découvrir, déguster, noter et commenter le dernier millésime.
Tous les châteaux ont parfaitement soigné l'accueil pour faciliter ce marathon de dégustations.
Une belle occasion de tremper les papilles dans ces vins en devenir.
De grands Listrac en perspective à Fonréaud et à Lestage pour ce nouveau millésime avec deux blancs très originaux à découvrir (La Mouette et le Cygne) qui ont repris le nom d'anciennes parcelles. Les chais sont splendides et méritent plus qu'un détour.
Une halte au Château le Gay à Pomerol où les Châteaux Montviel, Le Gay et La Violette ont dévoilé leur potentiel qualitatif hors du commun, a attesté que ce millésime est plus que prometteur.
La gamme des vins argentins, propriété des Vignobles Péré-Vergé, est un pur bonheur.
Dégustation des Pomerol dans le cuvier du Château Beauregard où, particularité locale, des petits cuvons (en photo) de 3 hl montent la vendange par ascenseur pour un encuvage par gravité. Des cuves tronconiques en béton thermo-régulées d'une capacité de 60 à 80 hl accueillent la vendange pour la fermentation alcoolique.
Beauregard 2018 : joli fruit concentré avec un boisé discret qui lui confère une élégance qui ne pourra que se confirmer avec le temps. Une grande bouteille en perspective.
Le Château Ferrière (Margaux) en biodynamie maintenant s'est investi totalement dans une viticulture respectueuse du sol pour préserver un terroir d'exception. On ne peut que féliciter toutes les équipes qui ont participé à cette véritable mutation du domaine au bénéfice de tous.
Le 2018 de La Ferrière est déjà un vin gourmand avec des arômes de fruits rouges et noirs, quelques notes épicées, des tanins présents mais déjà soyeux. Un nectar à venir.
Toujours un plaisir de se retrouver au sein de ce domaine au passé prestigieux préservé par une volonté permanente de recherche de l'excellence. Au Château Cos d'Estournel, blancs et rouges sont synonymes d'élégance et de maîtrise.
Le champagne Grand Cru Jeeper présenté à cette occasion est unique et mérite le voyage.
Le Château La Dominique nous a ouvert ses portes avec "Les Clés du Château".
Sur plus de 20 tables, représentant les appellations bordelaises, des vins étrangers et les sélections de Michel Rolland, plus de 200 vins attendaient sagement le verdict de la dégustation.
On ne présente plus le Château Cheval Blanc, une des rares propriétés bordelaises d'un seul tenant, depuis un siècle et demi, dont le nom évoque l'élégance, et la perfection.
Ces qualificatifs peuvent s'appliquer sans aucune retenue aux vins dégustés ici.
La filière Bio était installée dans l'écrin du CAPC à Bordeaux pour ce nouveau millésime. Toutes les appellations de la région étaient représentées avec plus de 75 vignerons. La diversité était bien présente. J'ai même pu déguster un cépage que je ne connaissais pas, le bouchalès, sur une cuvée spéciale d'une parcelle de vignes pré-phylloxériques (Château de la Vieille Chapelle, lien sous les photos).
Un coup de cœur pour ce Bergerac (en bio) 60 % cabernet franc et 40 % merlot, fruits rouges et noirs, belle concentration, finesse et longue persistance aromatique avec déjà un plaisir gustatif immense. Une très belle surprise.
De belles perspectives d'avenir pour ce millésime 2018 qui succède à 2017 où les rendements avaient sérieusement été amputés par le gel.
Pourtant, le mildiou, champignon se développant avec l'humidité avait attaqué sérieusement le vignoble provoquant des pertes significatives.
Mais un été chaud, sec et ventilé et des vendanges dans d'excellentes conditions climatiques ont permis à 2018 d'être une année avec un joli potentiel qualitatif, ce qui est une très belle surprise.
L'avenir nous donnera plus d'éléments pour juger objectivement ce millésime.
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